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Comme l'a écrit
avec une grande justesse Margaret Hungerford: "La Beauté est dans
l'oeil de la Belle Jardinière" (et dans le portefeuille des marchands
de pièces, aussi, merci). Bien que cela n'aie rien à voir avec
le sujet, une introduction poétique reste un bon moyen de commencer
un texte, quel qu'il soit.
Au début des années '80, ma TR4 était devenue vraiment
dangereuse, et comme il n'était pas question de ralentir en l'absence
de radars pas encore inventés, il me fallait donc améliorer
la tenue de route. J'ai commencé par les pneus. Il a fallu choisir
la marque idéale, c'est à dire la moins chère, vu qu'aucun
pneu ne peut raisonnablement influencer la tenue de route d'une TR. De toutes
façons, ne faites pas d'erreur historique: les voitures anglaises des
années 50-60 ont été conçues pour glisser des
quatre, par pour sous-virer comme une GTi. Rappelez vous que leurs chassis
n'ont qu'une rigidité relative, voisine de celle d'un octogénaire
sous Viagra. Si vous glissez, le chassis ne subit aucune contrainte, tandis
que si vous collez à la route, toute la force centrifuge générée
par le virage est transformée en couple de torsion. En termes simples:
si vous mettez des jantes 6 pouces avec des 205x60, vous allez vriller le
dit chassis, s'il n'a pas été renforcé d'abord comme
sur les TR " d'usine ". A moins d'avoir gonflé la bête,
il est plus efficace de laisser vos jantes d'origine avec les montes d'origine,
dans la meilleure marque de gomme si possible. A l'époque, les Michelin,
Dunlop ou Uniroyal 165x15x80 sur les jantes d'origine en 15x4,5 pouces répondaient
idéalement à ces critères. Comme aurait pu dire Coluche,
vous savez ce que je pense des cons qui mettent des gros pneus sur une TR
? La réponse est dans la question. (Quand je dis TR, je pense aux TR
2 à 5). Les TR 6 et après ne me concernent pas, chacun son truc).
Il n'en reste pas
moins que vingt ans plus tard, approchant les 275 000 kms, il a fallu
reprendre la question des pneus pour assumer une cure de jouvence carabinée
de ma chère épave (moteur équilibré, volant
light, arbre à cames Sprint 88, réalésage à
2,3 litres, supports de carrosserie ressoudés, carnet de chèques
passé au lance-flammes, la totale). Mes Uniroyal 165 devenaient
un peu légers. De plus, ayant plusieurs fois laissé le pot
d'échappement sur des plots de porte cochère, j'avais décidé
de surélever l'arrière de la voiture en montant deux jantes
d'Aston de 16x5 pouces avec des 175x80x16. Je faisais coup double : Ca
permettait à la TR de ne plus accrocher au sol et le développement
augmenté style overdrive mexicain emmenait la bête loin des
limitations en vigueur, façon Joe's Bar Team. L'ennui, c'est que
ce relevage de l'arrière induisait un transfert de masse vers l'avant
qui me garantissait le tête à queue à tous les rond-points
au-delà de 30 km/h. Le freinage en avait pris un coup aussi. Je
fus contraint d'abandonner.
Je montai alors de superbes jantes MWS made in Peshawar de taille 15x5,5 à
72 rayons avec des Michelin XAs en 185x80x15 (pneus de ma Volvo 122S, en état
de mort clinique à l'époque), toujours à l'arrière
tandis que l'avant conservait les 165x80x15 sur les jantes en 15x4,5. Cela
semblait au début une réussite totale, mais dès les premières
pluies les sorties de route ont recommencé. Je commençais à
penser que je flanquais mes sous par la fenêtre pour rien.
A cette époque,
j'ai testé les conversions pour amortisseurs arrière où
l'on remplace les amortisseurs Armstrong à bras par des télescopiques
(Spax, Avon, Koni ou autres). Il y a deux sortes de kits: soit vous montez
les amortisseurs à travers la coque que vous percez en ajoutant des
plaques de renfort, soit vous installez des potences adaptables. Il va sans
dire que la première solution, inqualifiable, ne saurait en aucun cas
être retenue. La deuxième solution, honorable, propre et efficace
vous donnera de grandes satisfactions, ne serait-ce que la joie simple de
rester sur la route. Je précise que ces potences se montent dans les
trous de montage d'origine des amortisseurs et sur les trompettes de pont.
Chose fondamentale : il faut souder la potence sur la trompette après
l'avoir mise en place avec le collier de serrage, sinon
.
Je dois toutefois vous prévenir que cette conversion, pour efficace
qu'elle soit reste un élémént dit " adaptable "
(en anglais adaptabeul), ce qui signifie que pour monter les potences supérieures
dans le logements des armstrong, il faut compter 3 heures de meule pour enlever
le métal en excès. C'est " adaptabeul ", pas "
plug and play ". Bloody redcoats.
Il est évident que ce genre de modification se conçoit dans
le cadre d'une amélioration générale et harmonieuse des
possibilités de la TR. Ainsi, je ne saurais trop vous conseiller de
monter une barre anti-roulis à l'avant couplée à un servo-frein
(deux options d'époque. Je dis ça pour les puristes qui roulent
200 km par an). Ayant fait tout ça, la voiture allait mieux en ligne
droite mais pas au freinage et la tenue de route restait aléatoire.
Les amortisseurs télescopiques ne pouvaient rien contre le défaut
de transfert de masse. Mes superbes 15x5,5 à 72 rayons avec leurs 185x80x15
maintenaient l'arrière toujours trop haut et l'arrière passait
devant à chaque rond-point au delà de 30 km/h. A revoir.
J'ai alors trouvé
pour un prix modique (95 euros) des Michelin Zx Classic en 175x80x15 (pneus
de Citroen DS) et là, ce fut une révélation, le compromis
idéal : pneus droits, sans ballonement, freinage droit, tenue de
toute optimale. La hauteur de caisse arrière était à
0,5 cm en dessous de l'avant (69 cm à l'avant et 68,5 cm à
l'arrière). Je précise qu'on doit mesurer la hauteur de
caisse au rebord inférieur des ailes au plein centre de la courbe.
Mon conseil final est donc : jantes de 15 par 5,5 à l'arrière
en 175x80x15 et jantes d'origine en 15 par 4,5 à l'avant avec des
165x80x15, monte d'origine.
Oui, mais voilà,
pour ceux qui voudraient le faire, oubliez tout, Michelin a arrêté
la production de sa gamme "Classic" en 2004. Eh oui, désolé.....
Heureusement, j'ai trouvé récemment la solution : En avril 2005,
je me rendis à Silverstone, avec l'excellent Professeur Didier Thoué
et sa Healey 3000 Mk II. Nous y rencontrâmes les estimables représentants
de la société " Longstone Tyres " qui vend toutes
sortes de pneus dont les Michelin classic et Vredestein, particuliérement
bons pour les TR, que l'on ne peut plus trouver en France pour diverses raisons
incluant l'incompétence. Ces gens ont un site Internet et vous fourniront
par correspondance à des prix pas plus arnaquants qu'ailleurs et même
plutôt moins, les gommes dont j'ai eu le plaisir de vous expliquer l'intérêt.
Voilà. J'aurais
pu vous dire ça en deux mots et deux adresses, mais ça m'aurait
moins amusé et de plus vous savez maintenant que j'ai vraiment tout
essayé et que je ne vous raconte pas du copié-collé d'une
quelconque revue automobile. Ce que je recommande, je l'utilise et les conneries
dispendieuses qui ont précédé la bonne solution, je les
ai faites. Pour ceux qui en voudraient plus, ou qui cherchent comment scier
leur pare-brise, faites-moi un mail sur le forum de GG ou celui du TCF, ou
les deux, je ne suis pas intégriste. Je réponds toujours, même
si vous n'êtes pas une blonde à forte poitrine.
TRment vôtre, comme
il a dit lui.
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